PROPHETIE DE PREMOL SUR LES MALHEURS DU TEMPS
d'affaires du couvent de Prémol. Elle était écrite de sa main, sans aucune explication, et oubliée dans une
caisse, sous de la vieille ferraille, dans un galetas.
il me dit : << Il est écrit que l'archange Michel com-
battra le Dragon, et il le combattra devant le triangle
de Dieu. »
Puis il ajouta : « Ouvre les portes de l'entende-
ment. » L'Archange et le Dragon sont les deux esprits
qui se disputent l'empire de Jérusalem, et le triangle
c'est la gloire du Très-Haut ; et avant que le commen-
cement de la fin, prédit par les prophètes, n'arrive, il
y aura un combat sur chacun des côtés du triangle,
c'est-à-dire trois temps, et après ces trois temps
l'Archange et le Dragon feront la paix, et le triangle
de Dieu brillera de tout son éclat sur la terre, et la
paix sera aux hommes de bonne volonté. Et ces
temps seront inégaux, mais ils seront marqués par les
nombres de Dieu, et ces nombres sont simples et
caractéristiques, et parmi ces nombres il en a choisi
quelques-uns.
« Ouvre les portes de l'entendement, car tu vas
connaître les signes du Seigneur. » Amen !
« Or, reprit l'Esprit, depuis le commencement de
Jérusalem, c'était l'Archange qui régnait sans partage,
et voilà que le treizième jour a lui, et que le
Dragon chasse l'Ange du temple et immole l'Agneau
sacré et couronné. »
Mais le Dragon ne fait que passer, répandant le
trouble, la terreur et le sang, et fauchant de sa queue
les lys sur sa route. Le torrent impétueux laisse sou-
vent un limon bienfaisant sur les champs qu'il ravage,
et le fils du laboureur profite alors des larmes de son
père. Ainsi passera le Dragon ; les heures lui sont
comptées, et voici venir de nouveau l'Archange sur
la nue qui envoie l'aigle pour dévorer le serpent.
« Et le deuxième temps commence, me dit l'Esprit,
et 11 heures sont données au vol de l'aigle, et voici
le lys qui renaît aux champs ; mais la première heure
sonne, et la serre de l'aigle vient l'arracher, et encore
une heure, et la tempête précipite l'aigle sur le rocher,
« Or, le Dragon dévorera le Coq lorsqu'il aura
chanté deux fois trois fois trois heures sur son fumier,
et le Coq ne serait pas dévoré s'il quittait le fumier,
car après trois fois deux fois deux heures, l'ange
l'avertit et lui crie: malheur, trois fois malheur!
mais il ne veut pas entendre.
« Ainsi l'homme se joue des prophéties et périra
parce qu'il n'aura pas cru aux envoyés du Seigneur. »
— Ainsi arrivera le Dragon après les quarante-
trois heures de l'Archange, et encore trois heures et
le Dragon sera écrasé à son tour, et ce sera alors le
commencement du troisième temps » (1).
(1) Ici se trouve une séparation dans les manuscrits de la
Prophétie, car le visionnaire va donner une autre forme à ces
révélations. Il remonte même au-dessus des événements qu'il
avait annoncés, afin de faite saillir plus vigoureusement le
type de Judas, qui représente deux personnages de la race
d lscariote : le triangle de Dieu passe deux fois sur la tête de
Judas.
Or, le lys venait de reparaître, après la chute de
l'aigle sur le rocher, que l'Esprit me montra ; les
douze apôtres placés sur les douze signes du zodiaque
bénissant Dieu et chantant ses louanges, et l'arc-en-
ciel s'élevait au-dessus de leur tête comme une auréole
commune soutenue par la main des anges, et
Judas était au centre du cercle, au milieu des apôtres,
blasphémant, et les monstres de l'enfer étaient sous
ses pieds. Et voilà que l'Esprit me dit que le triangle
de Dieu allait parcourir les signes et se reposer sur la
tête des apôtres, et que chaque repos serait une époque
marquée par le nombre de Dieu et par celui de
l'Apôtre, et que grand bruit et révolutions se feraient
par la terre jusqu'au jour où il arrêterait sa course ;
mais malheur, trois fois malheur, lorsqu'il passera
sur la tête de Judas, car c'est alors qu'il y aura des
pleurs et des grincements de dents, et que la terre
criera merci jusqu'au jour où il fera entendre sa voix
du haut du Sinaï pour rassembler les brebis du trou-
peau. Malheur, trois fois malheur encore à ceux que
ne toucheront pas les signes du Seigneur, car pour
eux le jugement sera terrible.
Et mes yeux étaient obscurcis par la splendeur du
triangle de Dieu, car il était plus resplendissant que
le soleil, et je ne voyais qu'une mer de lumière, et je
n'entendais rien, lorsque tout à coup j'entendis comme
un bruit effroyable, et je vis les nuages s'amonceler et
la foudre éclater !
Le triangle n'était pas encore au milieu de l'arc,
mais il n'avait plus qu'un pas à faire, le Nombre de
son repos était un des Nombres choisis.
Un coup de tonnerre ouvrit les nues et j'aperçus
Jérusalem abîmée sous une effroyable tempête et ses
murs étaient tombés sous les coups du bélier, et le
sang ruisselait dans ses rues, car l'ennemi s'en était
rendu maître, et l'abomination de la désolation régnait dans la cité.
Et bien des signes avaient eu lieu auparavant à cha-
que repos du triangle.
Et voilà que j'aperçus le Patriarche qui sortait du
temple envahi par les enfants de Baal, et qui fuyait
emportant avec lui l'Arche sainte, et il courait vers la
mer où se couche le soleil. Et l'Esprit me dit : « Le
soleil se couche à l'occident et se lève à l'orient, la
nuit succède au jour et le jour à la nuit, ainsi l'a
ordonné le Verbe de Dieu.
« Et cela arrivera une fois sur chaque côté du triangle,
avant qu'arrive le règne de Dieu. Que ceux qui ont
des oreilles l'entendent, et qu'au jour où la lumière
viendra, ils sachent la reconnaître, car un flambeau
doit venir qui n'est pas le soleil et qui viendra du côté
où se lève le soleil, et disparaîtra du côté où il se
couche. Et il viendra après les ténèbres et éclairera le
monde, et quand il aura disparu, la Lumière restera
toujours ; car, en vérité je vous le dis : à peine l'Arche
sera-t-elle attaquée par les vers, que vous briserez le
chandelier qui porte le flambeau, et la lumière restera.
Et cela aura lieu quand, après avoir quitté Judas,
le triangle aura recommencé à parcourir les signes,
car alors les temps prédits
commenceront et vous ferez pénitence pour être aimé de Dieu. »
Et voilà que je vis les vainqueurs de Jérusalem remplacer
l'Arche par le Veau d'or, et ils se prosternaient à ses pieds
et ils l'adoraient. Son ventre seul était d'or et le reste était chair,
et le ventre était son bouclier, et des traits étaient lancés contre lui, mais
ils ne pouvaient l'atteindre. Et il n'y avait pas encore
un signe de plus qu'une peste effroyable ravageait la
cité, et le fléau de Dieu s'appesantissait sur la terre.
Et la corruption allait croissant et s'étendait en marais
sur la plaine, et les hommes se changeaient en reptiles
et se baignaient et vivaient dans ces eaux fangeuses,
et d'autres se changeaient en oiseaux et prenaient
leur vol vers ta Montagne pour fuir les eaux montantes
et ils y attendaient la rage dans le coeur la venue
du Dragon qui doit boire le lac.
Et je les vis se grossissant sur la montagne el l'Es-
prit me dit : « En vérité je vous le dis, le jour où le
triangle s'arrêtera sur la tête de Judas, les aiglons se
précipiteront de la montagne pour dévorer les habitants de la plaine.
Malheur ! trois fois, car ce jour
approche et le nombre de Judas l'annonce avec le
nombre de Dieu. »
Et je vis en effet que tout était rouge de sang autour de Judas ! et je frémis et mes yeux se fermèrent et je ne vis plus rien
Mais j'entendais l'Esprit, et le triangle parcourait les signes,
et l'Esprit me disait:
« Toute chair périra, et la chair de l'idole périra aussi,
et non seulement sa chair mais encore son ventre, car
le temps approche que le ventre s'affaissera dans la
pourriture de la chair et que la main le fuira, et cela
aura lieu à la voix du Sinaï, et ce sera le premier signe
après les épouvantements de Judas, et ce premier
signe sera le commencement de la fin, car la fin approche.
Amen. »
Et l'esprit souffla sur mes yeux, et j'aperçus le
Veau d'or au milieu de ses serviteurs. Et il avait
deux cornes ; celle de droite était fort grande, et l'on
brûlait de l'encens autour d'elle ; et celle de gauche
ne faisait que pousser, et ces deux cornes contenaient
toutes les espérances.
Et le triangle s'était arrêté, et il n'avait plus que
trois signes à parcourir avant de passer sur Judas,
et voilà que la grande corne se brise contre le pavé
des murailles, et que l'épouvante règne dans la cité.
Puis je vis une Colombe noire, qui tenait en ses mains
une croix renversée, descendre sur la petite corne et
la couvrir de ses ailes ; cependant une autre grande
corne sortait rapidement du front du Veau d'or, et
la colombe s'envola, et le Veau d'or secouait la tête
comme pour s'assurer de sa nouvelle défense, et il se
croyait puissant et fort. Mais l'Esprit des ténèbres
était en lui. Et l'esprit me dit : « La grande corne est
brisée, c'est un présage, mais l'homme ne croit pas,
et l'autre grande corne ne pourra défendre l'idole con-
tre ses ennemis. Elle sera renversée et brisée. Et ses.
débris seront dispersés. Et la petite corne tuera le
deuxième né du Dragon, et cela aura lieu au premier
signe après Judas, quand la Colombe aura redressé sa
croix, et que la lumière viendra de l'Orient. »
Mais le triangle avait fait deux pas, et un tremble-
ment de terre secoua Jérusalem jusque dans ses
fondements, et renversa l'idole que ses adorateurs
abandonnèrent en lui criant : Racca ! car le premier-
né du Dragon s'était levé des entrailles de la terre ;
et son regard fascinait les hommes. Et son souffle
embrasait tout. < Encore un signe et le Dragon
périra à son tour, me dit l'Esprit, car l'Archange Mi-
chel le combat en tous lieux ; et déjà il n'a plus qu'un
seul repaire, et il sortira de ses flancs, comme Jonas
du ventre de la baleine, le Captif qui doit lui écraser
la tête. »
« Encore un signe, et le Dragon périra, oui, mais
encore un signe et il dévastera la terre, car il par-
courra le monde tant que le triangle restera sur
Judas, et il ne s'arrêtera que devant la lumière qui le
chassera comme elle chasse les ténèbres. Or, l'au-
rore commencera quand le triangle quittera Judas. »
Et le triangle avait fait un pas, je vis la tempêle qui
agitait au loin les vagues de la mer, et, l'Archange
planait sur les nues, et le Dragon se tordait en tron-
çons sur la terre.
Et je vis sur le sommet de Jérusalem un ver luisant
d'un éclat remarquable.
Ah Seigneur ! vos secrets sont impénétrables.'
Que signifie ce chandelier à sept branches que je vois
s'avancer avec ses sept torches dont la lumière semble
vouloir éclipser l'éclat du point qui brille au sommet
du temple et forcer le ver à rentrer sous terre?
Mais que vois-je? La torche la plus grande et la plus
ardente tombe et s'éteint, et les autres s'en réjouis-
sent et se disputent sur place. Et voici les branches
du chandelier qui s'entrechoquent, et les étincelles
voltigent sur les épis. Grand Dieu ! l'incendie dévore
les moissons, l'orage gronde, la foudre éclate avec
fracas. Et je vois les tronçons épais du Dragon qui se
réunissent. Ah Seigneur ! votre triangle se repose
maintenant sur Judas. Seigneur, Seigneur, arrêtez
votre colère! Par quels signes voulez-vous donc
manifester votre puissance ?
L'Archange est remonté vers les cieux et le Dra-
gon lève la tête et fait entendre des sifflements
affreux ; et les loups affamés se précipitent de la mon-
tagne et viennent dévorer les moutons qu'ils déchi-
rent jusques au milieu des étables.
Et les hommes épouvantés s'enfuient de tous côtés,
emportant leurs trésors, ils sont accablés sous le
poids de leurs trésors, et ils tombent sur les che-
mins. Quel carnage, ô mon Dieu ! le sang coule à flots
dans le lit du Jourdain, et roule des cadavres, des
crânes brisés et des membres épars ! Et les vagues de
la mer, teintes de sang, s'en vont aux rivages loin-
tains épouvanter les nations ! ! î
N'est-ce pas assez, Seigneur, d'une pareille héca-
tombe pour apaiser votre colère? Mais non! Quel est
donc ce bruit d'armes, ces cris de guerre et d'épou-
vante qu'apportent les quatre vents ?
Ah ! le Dragon s'est jeté sur tous les Etats et y porte
la plus effroyable confusion. Les hommes et les peu-
ples se sont levés les uns contre les autres. Guerre !
guerre ! guerres civiles ! guerres étrangères ! quels
chocs effroyables ! tout est deuil et mort et la famine
règne aux champs. Jérusalem, Jérusalem, sauve-toi
du feu de Sodome et de Gomorrhe et du sac de Babylone!!!
Eh ! quoi ! Seigneur! votre bras ne s'arrête pas ?
N'est-ce donc pas assez de la fureur des hommes pour
tant de ruines fumantes? Les éléments doivent-ils
encore servir votre colère ? Arrêtez, Seigneur, arrê-
tez; vos villes s'abîment d'elles-mêmes. Grâce ! grâce
pour Sion. Mais vous êtes sourd à nos voix, et la
montagne de Sion s'écroule avec fracas ; la Croix du
Christ ne domine plus qu'un monceau de ruines.
Et voici que le Roi de Sion attache à cette croix et
son sceptre et sa triple couronne et, secouant sur les
ruines la poussière de ses souliers, se hâte de fuir
vers d'autres rives
Et toi, superbe Tyr, qui échappe encore à l'orage,
ne te réjouis pas dans ton orgueil. L'éruption du vol-
can qui brûle tes entrailles approche; tu tomberas
bien plus avant que nous dans le gouffre.
Et ce n'est pas encore tout, Seigneur. Votre Eglise
est déchirée par ses propres enfants. Les fils de Sion
se partagent en deux camps, l'un fidèle au pontife
fugitif, et l'autre qui dispose du gouvernement de
Sion, respectant son sceptre, mais brisant ses cou-
ronnes, et qui place la Tiare mutilée sur une tête
ardente qui tente des réformes que le parti opposé
repousse, et la confusion est dans le Sanctuaire.
Et voilà que l'Arche sainte disparait. Mais mon
esprit s'égare, et mes yeux s'obscurcissent à la vue de
cet effroyable cataclysme.
« Mais, me dit l'Esprit, que l'homme espère en
Dieu et fasse pénitence, car le Seigneur tout-puissant
est miséricordieux et tirera le monde du chaos, et un
monde nouveau commencera. »
Et l'Esprit souffla sur mes yeux, et le triangle de
Dieu avait quitté Judas, et il se trouvait au premier
signe. Et je vis un homme, d'une figure resplendis-
sante comme la face des anges, monter sur les ruines
de Sion. Une lumière céleste descendit du ciel sur sa
tète, comme autrefois les langues de feu sur la tête
des apôtres, et les Enfants de Sion se prosternèrent
à ses pieds, et il les bénit ; et il appela les Samaritains
et les Gentils, et ils se convertirent tous à sa voix.
Et je vis venir de l'Orient un jeune homme d'une
beauté remarquable, monté sur un Lion, et il tenait
une épée flamboyante à sa main, et le Coq chantait
devant lui ; et le Lion mit ses pieds sur la tête du
Dragon.
Et sur son passage tous les peuples s'inclinaient,
car l'esprit de Dieu était en lui.
Et il vint aussi sur les ruines de Sion, et il mit sa
main dans la main du Pontife, et ils appelèrent les
peuples qui accoururent, et ils leur dirent : « Vous ne
serez heureux et forts qu'unis dans un même
amour!!! »
Et une voix sortit du ciel, au milieu des éclairs et
des tonnerres, disant: « Voilà ceux que j'ai choisis
pour mettre la paix entre l'Archange et le Dragon, et
qui doivent renouveler la face de la terre. Ils sont
mon Verbe et mon bras, et c'est mon esprit qui les
guide. »
Et je vis des choses merveilleuses.
Et j'entendis les cantiques s'élever de la terre vers
les cieux.
Puis j'aperçus à l'horizon un feu ardent. Et ma vue
se troubla, et je ne vis et je n'entendis plus rien.
Puis l'Esprit me dit :
« Voici le commencement de la fin qui commence. »
Et je m'éveillai épouvanté."
Source (où vous trouverez des informations complémentaires ):